Du nouveau en 2014...

Un campement arabe début XIIIe siècle (An 600 de l'Hégire).

Envie de renouveler, d'illustrer un autre aspect du Moyen Age. Alors, plutôt que de changer d'époque à reconstituer - d'autres compagnies le font déjà très bien !- direction l'autre bout du monde. On change de zone géographique et on se lance dans la reconstitution du campement d'un médecin mésopotamien (Irak - nord de la Syrie actuels) accompagné de sa famille.

Voici quelques premières images...

Les réalisations se poursuivent, après recherches, demandes et vérifications (merci au passage à l'Institut du Monde Arabe pour son aide).

 

Un projet en gestation depuis quelques années, le temps de réunir des sources et des accessoires. Et après ? ...ben faut fabriquer tout !

et hop des images

La suite bientôt.

Une fois le personnage, l'origine géographique et l'époque définis, reste à parcourir des manuscrits, visiter -malheureusement seulement virtuellement le plus souvent- des musées du monde entier, éplucher les documentaires, et ... au boulot !

Quelques exemples de réalisations (Vous pouvez agrandir les images en cliquant dessus lorsque vous avez la main) :

d'abord, le point de départ, une enluminure arabe , "Bibliothèque nationale de France, manuscrit arabe 5847, 1237, daté de 1237. Folio 154, verso : maqama 47. Abu Zayd pratiquant la médecine".

- la tunique : lin bleu, bandes-tiraz brodées au fil de soie.

, turban blanc

Que d'heures passées à se demander comment fermer cette tunique...

Pour finir, voici le choix et quelques-uns des documents qui ont servi de base de réflexion :

D'abord, les questions qui se posaient : ouverture large du col pour passer la tête ou tissu coupé ? Si découpe de la tunique, jusque où (totalité ? juste un peu comme pour l'amigaut des costumes européens ? longue ouverture sur le torse ?) ? Quel système d'attache ? quelle forme ? métal ou tissu ? Tissu décoré ou non ?

Recherches et quelques-uns des éléments de réponse. NB, parfois, en l'absence de documents trouvés pour notre époque et/ou région, les recherches ont dû être élargies.

1/ 1236, Maqâmat Al-Hariri, personnage en bas à droite, pour la découpe du tissu :

2/ La forme des fermetures de la tunique :

personnage en bas à gauche

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Arabe 5847, fol. 117v, Maqâma 38 Abû Zayd et al-Hârith

  Arabe 5847, fol. 133v, Maqâma 42 Abû Zayd et ses auditeurs

 

3/ Que sont ces bandes horizontales ?

Rapprochement avec les caftans du musée Topkapi d'Istanbul. Quelques clichés :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La tunique actuelle :

- Le caftan rouge; laine tissée à l'extérieur, soie à l'intérieur; manches amples, comme ici par exemple, en bas, à gauche  ([arabe 5847 / f.138]) :

  bandes-tiraz à venir...

 

- les outils (merci Julien !) :

                    et la reconstitution 

 

On complète peu à peu :

"Le mot tirâz, d’origine persane et qui se rattache à l’idée de broderie, s’applique tout d’abord au bandeau épigraphique qui fait apparaître le nom du calife en place, ses titres et ses louanges . Par extension, il désigne le tissu portant ces bandes inscrites, puis les manufactures royales qui le produisent." (Qantara)

Voici d'abord la source utilisée pour la bande tiraz, datée du XIII ou XIVe siècle -origine Egypte- (dont le sens est "Paix entre les Hommes", idéal pour un médecin), puis la réalisation, brodée au fil de soie :

                            

 Les costumes et accessoires ne se font qu'après la réunion de diverses sources. La réalisation ne se fait donc que lentement...

Quelques exemples :

- les bijoux, dont un collier, reproduit à l'aide de perles (en céramique, métal et verre uniquement) :

collier XII-XIIIe, Iran.

et l'un des nôtres,

  

 

en couleur

- Une robe (en soie), portée avec un "sarouel" dessous.

Par dessus, un caftan (soie à l'extérieur, doublé laine orangée ),

sur lequel seront brodées à terme des tiraz (NB : coiffe -très- provisoire).

et deux sources :

  et

- pour les frileuses, des "chaussettes" , dont voici quelques photos du modèle médiéval... (Chaussette XIIe-XIIIe Egypte)

 

... et la proposition de reconstitution (grand merci à Pascale pour son aide précieuse ) :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Loin des paillasses occidentales, au Moyen Orient, on savait ce que confort veut dire ...  ;-)

Comme tous les coussins qu'on peut voir ne sont pas unis, il a fallu prendre du lin et s'attaquer à la déco.   ça donne ceci pour l'instant.

Certaines images n'étant pas exploitables (détails trop petits ou motif visible sur une trop petite surface pour être reproduit), les motifs viennent tantôt d'une image de coussin, tantôt d'un tissu, afin de rester dans le domaine textile :

1200 Kalîla et Dimna

lin bleu et fil de soie

 

La bannière de notre association, avec ses deux aspects, occidental et/ou oriental :

- une face orientale, inspirée d'une bannière retrouvée en Egypte, en lin et soie, datée du XIIIe / XIVe siècle.

Le choix ayant été de la peindre, cette couleur rouge a été choisie en fonction de quelques sources, dont voici un exemple :

(Fragment de toile provenant sans doute d'un atelier indien opérant vers les XIII-XIVe siècles, travaillant pour l'exportation vers les provinces orientales)

Cela donne ceci pour l'instant (Il restera à refaire des passants dignes de ce nom en haut, et les pointes en bas, visibles sur le bas de la bannière-source.) :

puis

 

- Quant à la face occidentale :

La police d'écriture choisie est la textura quadrata (XIIIe s),

avec la reprise du motif d'une enluminure tirée des manuscrits de la Table Ronde (atelier parisien du début XIIIe siècle) :

et ENFIN !

 

 

BAGDAD

- Depuis le IXe siècle, Bagdad, capitale du califat abbasside, entame son rayonnement dans tout le monde islamique, grâce notamment à  la création d'une Maison de la sagesse (le Bayt al-hikma). 

On y  traduit des ouvrages en grec, pehlevi (moyen iranien) et syriaque (langue sémitique). Cela permet d'attirer des savants de tout l'empire abbasside (Astronomes, mathématiciens, penseurs, traducteurs... fréquentent cet établissement ), permettant ainsi l'introduction des sciences perse, indienne et grecque dans le monde arabo-musulman.

Ainsi se constitue une précieuse richesse culturelle, constituée de traités philosophiques, de livres d'art, de poésie et d'histoire, d'ouvrages scientifiques et mathématiques, qui seront pour la plupart jetés dans le Tibre et détruits lors du pillage de la capitale par les Mongols en 1258.

 

 

- Le commerce s'y développe, Bagdad est au coeur des axes de l'époque pour le commerce : épices et pierres précieuses (Inde), soie (Chine), parfums (Yémen), bois précieux, ivoire, or (Afrique orientale). Passage par Bagdad pour les routes de la soie, pour les routes menant aux Bulgares de la Volga, menant au monde scandinave (peaux et fourrures), vers Constantinople, l'Occident chrétien, le Soudan...

Bagdad importe aussi des esclaves et des matières premières (bois de construction, fer)  et exporte des matières premières (alun ) ainsi que des produits artisanaux (tissus, objets de verre et de métal par exemple). 

 

- Selon certains historiens de la démographie, Bagdad est la première ville au monde à avoir atteint une population d'un million d'habitants entre le VIIIe et le IXe siècle.

http://lewebpedagogique.com

Après la carte, se faire une idée grâce à un dessin d'une proposition de reconstitution (histoireislamique.wordpress.com)

 La seule porte médiévale de la ville qui subsiste :

 

Cf   http://www.ezida.com/pbagdad.htm

On complète le campement ! Après avoir lu plusieurs fois que les tentes arabes, syrienne notamment, étaient plus de forme circulaire, et peintes pour la majorité, on se lance...

(Par exemple : Vivre sous la tente au moyen âge, Historiens d'aujourd'hui, H. Martin, M. Russon, Ed Ouest-France, 2010.

[...] "des Syriens l'avaient peinte avec grand art [...]".

ou encore :

Sur un dessin de la fin du XIIe ou du début XIIIe est figuré le camp des Arabes, lors du siège de Messine : on y voit "un vaste camp de tentes multicolores décorées de motifs rappelant clairement l'esthétique islamique".)

* après les sources textuelles, on réunit des images, avant de choisir celle qui servira de source principale. Par exemple :

manuscrit daté de 1225-1235

Arabe 5847, fol 77, Maqâma 26  Abû Zayd recevant al-Hârith ( Hégire 634 soit 1236-1237)

* Puis, on en choisit une sur laquelle on distingue suffisamment bien les motifs,

pour mieux voir les détails qu'il va s'agir de reproduire :

 

 

 

 

 

 

Maintenant, ... ne pas se décourager face à l'ampleur de la surface à peindre... ;-)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

* Motifs sur le haut de la tente :

La réalisation en accéléré, via quelques images !

 

 

 

 

 

 

ça avance peu à peu...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plus que quelques ... mètres de motifs à réaliser sur la bande verte, tout le long de la tente (partie très endommagée sur l'enluminure, mais visible néanmoins sur un morceau) :

Ensuite, les finitions et on attaquera le bleu dessous.

   

Pour Faustine, une ceinture brodée, à partir d'un motif historique :

tiraz Fustat, motif de fleur de lys,  ca 12-13e siècle, Musée de Washington :

ce qui donne :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Après des recherches, demande de reconstitution d'une aiguière du début du XIIIe siècle, d'origine iranienne (33X20.3cm pour l'originale) :

Merci à Karine (Atelier des Idées o grams), qui l'a magnifiquement reproduite :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

et après les deux cuissons :

(NB : Toujours les mystères de ce blog : impossible de placer l'image dans le bon sens, malgré toutes les tentatives de renversements, là ou sur l'originale... Désolée )

 

Puis, la lanterne, céramique datée de 1169–1260 :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ensuite, le décor :

et après cuisson...

 

 

  Après le haut de la tente, il faut s'attaquer maintenant au dessous.

   Fond bleu, comme sur l'enluminure qui sert de guide :

 

 

 

 

 

 

 

 

Ensuite, les motifs bleutés,

motifs floraux et "arabesques" :

Peu à peu, la tente va se couvrir de ces dessins :

 

 

 

Suite dès que possible !